Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

philoenclassestechno

philoenclassestechno

Cours de philosophie pour les élèves des classes de terminale technologique


Correction DST N°2 ROUSSEAU

Publié par NL sur 22 Novembre 2015, 18:02pm

« Un homme qui désire peut-il être heureux ? »

Introduction : Un homme qui désire peut-il être heureux ? Si chaque homme recherche le bonheur, chaque homme connait aussi le désir, ce mouvement d'appétit conscient dirigé vers un objet. Ce désir, au premier abord, c’est ce qui semble rendre le bonheur de l’homme impossible : un désir ne peut rendre heureux que si l’homme parvient à le satisfaire pleinement et durablement. Or, si certains désirs, une fois réalisés, apportent une pleine satisfaction (joie), celle-ci ne dure pas dans le temps et fini même par lasser l’individu. On comprend ainsi que certains hommes aient proposé comme une manière de se rendre heureux de se débarrasser du ou des désirs, voire de les contenir. Car, dans cette optique, soit le désir n’est pas satisfait, et l’homme souffre du manque, de la frustration, soit le désir trouve une satisfaction passagère, et laisse à l’homme un goût d’ennui, de lassitude. Le désir serait ainsi un obstacle au bonheur de l’homme. D’un autre côté, supprimer en l’homme tout désir, n’est-ce pas perdre cela qui fait la valeur que donne un homme à chacune de ses actions ? Sans désir, l’homme ne serait-il pas semblable à une pierre, rien ne pouvant le toucher, l’émouvoir, le rendre heureux ? Si l’on peut définir le bonheur un état durable de satisfaction de toute la personne, et le désir un effort de l’homme pour obtenir quelque chose, faut-il faire du désir un obstacle supplémentaire que l’homme rencontre sur le chemin du bonheur (le premier étant la réalité), ou bien au contraire plutôt une source de satisfaction ? L’enjeu est ici pratique : qu’est-ce que l’homme doit faire de son désir, sachant qu’il veut se rendre heureux, et que le désir est ce qui est le plus en son pouvoir (au contraire, par exemple, de l'opinion des autres, ou du cours de la fortune) ? En d’autres termes, l’homme ne peut-il trouver le bonheur que dans la suppression de ses désirs, ou bien le désir n’est-il pas en lui-même pour l’homme une source de satisfaction et ne peut-il pas alors le rendre heureux ?

Argumentation : Un homme qui désire peut être heureux car le désir est en lui-même source de satisfaction

[argument général] A ceux qui proposent de supprimer en l’homme tout désir pour lui permettre de demeurer tranquille, on peut répondre qu’il y a danger en le faisant de supprimer en même temps que le désir tout ce qui fait la valeur de ce qu’un homme peut posséder (y compris, sans doute, la tranquillité). Seul le désir, effort de l’homme pour obtenir quelque chose, donne de la valeur aux choses, le supprimer supprime toute valeur des choses : que le désir soit réalisé, et cette valeur s’épuise dans l’ennui ou la banalité de la chose ; que le désir soit supprimé, et plus rien n’a de valeur. Reste donc le désir en lui-même, qui sans doute est une source de satisfaction d’autant plus forte qu’il n’est pas réalisé. Ce serait ainsi dans le désir lui-même, et non dans sa suppression ni même dans sa réalisation, que l’homme trouverait une source réelle (bien qu’imaginaire) de satisfaction.

[illustration] C’est ce que soutient Rousseau dans Julie ou la Nouvelle Héloïse : le désir, aidé de l’imagination, plutôt que d’être un obstacle au bonheur de l’homme, est bien plutôt ce en quoi l’homme trouve la source de ses plus grandes jouissances. Sachant que l’homme est limité dans ses capacités, et rempli de désirs, que l’homme est infini du point de vue de ses désirs, et fini du point de vue de ses capacités pour réaliser ces désirs, l’homme ne peut être que malheureux dans la réalité. Si l’homme peut être heureux, ce n’est donc que dans l’imagination, dans le temps qui précède l’obtention de l’objet désiré, dans l’espoir et l’illusion par lesquels l’homme accorde une valeur illimitée à un objet qui n’a de valeur réelle que limitée. Il n’y a de bonheur qu’imaginaire, et le désir en est la source, et non l’obstacle, tant du moins que ce désir n’est pas éteint par l’obtention, la réalisation, la possession.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents